Le gang des rêves – Luca Di Fulvio

 

Le gang des rêves ou comment un roman se transforme en véritable épopée familiale ! Offert à une cousine il y a près d’un an (et offert par Lecteurs.com pour ma part il y a quelques semaines), il voyage depuis de région en région, d’appartement en fourgon, de caravane en plage bretonne, de maison isolée en camping espagnol et est en train de devenir un lien très fort entre les oncles et tantes, les cousines et petites cousines, les parents, les sœurs. D’ailleurs, au moment où j’écris ces quelques mots, je suis convaincue qu’il est en train d’être lu par au moins deux ou trois membres de ma famille. Oui, ce roman est une véritable découverte, un « coup de cœur » … Que je pourrais dire général car tous ceux qui s’y sont essayés ont eu du mal à tourner la dernière page.

Mais comment expliquer cet engouement unanime ?

Sans doute parce que dans ce roman de près de mille pages se trouve TOUT, tout ce que l’on peut chercher quand on plonge la tête la première dans une histoire.

Résumer Le gang des rêves est mission impossible et je ne chercherais de toute façon pas à le faire car ce qui est en partie jubilatoire dans cette lecture est de découvrir chaque événement, chaque moment, chaque personnage, chaque lieu, découverte qui se fait par le corps, le cœur, l’épiderme : oui, c’est comme si notre enveloppe charnelle réagissait presque avant le cerveau à certains passages (nombreux) ! Cette sensation est très certainement due à l’écriture incroyablement visuelle, comme un bel hommage au cinéma de Scorsese. Écriture visuelle mais tellement plus encore ; rien n’est laissé au hasard, chaque détail compte, nous donnant à goûter une émotion jusque-là inconnue. Tout sonne juste, tout sonne vrai. L’auteur réussit à donner sa place –une vraie place- à chacun de ses personnages, tout en leur apportant une belle profondeur, une densité rare : on rit et on pleure avec eux ; on hurle, on frémit, on sursaute ; on exulte ou on enrage ; on redoute ou au contraire, on se prend à y croire. On aime et on déteste, parfois les deux en même temps. Chaque individu explose de cet insatiable désir de liberté, malgré la pauvreté et la saleté, malgré l’hypocrisie et la malhonnêteté, malgré la violence et la discrimination. Mais s’il n’y avait que cela !

Parce que l’auteur sait aussi nous faire voir ce quartier du New-York des années vingt, le « Lower East Side », nous faire voir et nous faire sentir. On devine les logements insalubres, les odeurs étouffantes, le froid glacial de l’hiver… Mais quel talent : tout y est décrit avec finesse et subtilité. Jamais -ou presque ! Car cela a été mon cas à deux ou trois reprises- le lecteur ne se dit que ce passage aurait pu gagner à être un peu plus court ou à être dépeint avec plus de précision, davantage de simplicité.

Si vous aimez les romans-fleuves (telle une saga magnifique mais en un seul tome), si vous aimez les romans initiatiques, si vous aimez les histoires d’amour jusqu’à la démesure, si vous aimez les romans « cinématographiques » où les lieux ont la même importance que les personnages, si vous aimez les romans qui abordent les thèmes de la pauvreté et de la discrimination, si vous aimez les histoires où la filiation et le rôle de la femme jouent un rôle essentiel, où la question de l’élévation sociale et intellectuelle est fondamentale, si vous aimez les pavés qui se lisent en un souffle… Ce livre est fait pour vous ! Imaginez alors si vous affectionnez tout cela à la fois ?!!

(Le gang des rêves. Luca Di Fulvio. Editions Pocket: 2017)

Petit Précis de Pasta – Stefano Palombari

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Ce petit traité didactique à la couverture agréable au toucher car douce comme une peau de pêche est écrit et préfacé par deux amoureux de la Pasta : Stefano Palombari (napolitain d’origine vivant à Paris depuis quelques années) et Périco Légasse (critique gastronomique de l’hebdomadaire Marianne, à qui je me permettrais d’ailleurs de signaler que le terme « race » ne s’utilisait plus depuis longtemps quand on parle de l’être humain, cela m’a un peu choquée, même s’il n’y a pas là de connotation raciste à proprement parler).

« Le profane parle de pâtes. L’amoureux, le gastronome, l’expert évoqueront les tagliatelle, les tagliolini et les lasagne, ces pâtes qu’on appelle communément fraîches, à base de blé tendre et d’œufs. Sans, bien sûr, les confondre avec les spaghetti, maccheroni et penne à base de blé dur et d’eau. » (p.9)

En une quinzaine d’items, on y découvre l’origine des pâtes, quelques légendes et récits, quelques recettes aussi (cinq seulement) et des conseils pour magnifier cet ingrédient fait de trois fois rien. Cet ouvrage me semble facile d’accès et en même temps assez complet, il se lit sans déplaisir, parfois même avec le sourire et l’on a presque l’impression de se trouver en plein cœur d’une enquête mystérieuse. J’apprécie le fait que Stefano Palombari ne verse jamais dans le dogmatisme en réfutant l’idée qu’il n’y aurait qu’une vérité. Au contraire, il laisse les portes entrouvertes, donne des références afin de laisser le lecteur se faire sa propre idée sur certaines « polémiques » ou doutes s’il a envie d’en savoir plus d’un point de vue historique.

Je regrette par contre la qualité médiocre -à mon humble avis- des quelques dessins et le prix trop élevé (l’ouvrage est constitué de 29 pages et coûte 11 euros ; un lecteur devrait débourser plus d’une centaine d’euros s’il voulait avoir l’ensemble de ces livres chez lui car le projet est d’éditer une dizaine de Petit Précis de P). J’en profite pour remercier Lecteurs.com qui m’a permis de le gagner à un concours qu’ils avaient organisé en janvier 2017.

 

(Petit Précis de Pasta. Stefano Palombari. Editions du Pétrin : 2016)